
Dans un communiqué officiel du 30 novembre, Paul Chantler met en avant la situation difficile que traverse son groupe FrogPubs. C’est l’annonce par les pouvoirs publics de la prolongation jusqu’au 20 janvier de la fermeture des bars et restaurants qui fait réagir le dirigeant de cette entreprise comptant 10 bars-restaurants à Paris, Toulouse et Bordeaux, 1 brasserie de production à Pierrefitte-sur-Seine et 250 collaborateurs (20M€ de CA en 2019). Paul Chantler dénonce notamment «la gestion erratique, épuisante et stigmatisante» de la crise par le gouvernement: «Nous avons passé des journées à planifier notre organisation selon les dernières annonces pour les défaire dans la foulée et refaire l’exercice la semaine d’après. Personne ne peut gérer une entreprise dans ces conditions!» Alors que les équipes se sont «pleinement investies dans le respect des protocoles sanitaires pour accueillir les clients en toute sécurité» du 2 juin au 30 octobre, FrogPubs a perdu 50% de son CA sur cette période. Le mois d’octobre fut particulièrement catastrophique, avec une perte de trésorerie de 150000€, soit 5000€ par jour. «À ce rythme, un groupe de notre taille ne tient pas longtemps debout!» lance Paul Chantler, qui précise qu’aucun cas de contamination n’a été notifié pendant les 4 mois de réouverture dans ses établissements. Comme une grande partie des professionnels, il regrette la fermeture des bars et restaurant pendant les fêtes de fin d’année, alors que le secteur a montré qu’il était capable de veiller au respect du protocole sanitaire renforcé. «C’est l’ensemble de notre secteur qui est stigmatisé, et les conséquences économiques et sociales risquent d’être terribles, résume le dirigeant de FrogPubs. Nous sommes obligés de tirer la sonnette d’alarme.» Il ajoute que cette crise a un impact catastrophique sur tout l’écosystème de la RHF (fournisseurs, bailleurs, prestataires…).
Au global, le groupe FrogPubs devrait perdre 60% de son CA 2020; il a notamment dû détruire 100000 L de bière. Il se retrouve aussi dans l’impossibilité imminente de pouvoir payer les charges courantes. «Notre entreprise contribue en temps normal pour plus de 10M€ aux finances de l’État. Mais nous risquons cette année la défaillance car nous ne pourrons pas faire face à nos obligations.» Paul Chantler précise qu’il ne pourra pas avoir accès à toutes les aides annoncées. «Les perspectives pour 2021 (réouverture hypothétique au 20 janvier, 3e vague, récession…) ne font que creuser le trou de trésorerie de 2020…» alerte encore Paul Chantler.
Pour maintenir son activité, FrogPubs utilise la livraison, la vente en ligne et la VAE; ce qui ne devrait faire, au total, que 5% ou 10% du CA habituel. «Toute notre équipe veut travailler, défendre nos savoir-faire, nos métiers et nos emplois, protéger nos familles et continuer à animer nos territoires», ajoute le dirigeant de ce groupe «en péril». Selon Paul Chantler, «pour survivre», FrogPubs a besoin, comme bien d’autres groupes de restauration et microbrasseries:
¤ de bénéficier de l’aide à hauteur de 20% du CA réalisé sur la même période 2019, pendant au moins la période de fermeture totale;
¤ d’une prise en charge du chômage partiel à 100%, congés payés inclus;
¤ d’une exonération des charges sociales patronales aussi longtemps qu’il n’aura pas retrouvé au moins 80% de son CA;
¤ du report automatique et sans frais des échéances bancaires et financières, pendant au moins 6 mois au-delà de la réouverture des bars et restaurants.
«Pour FrogPubs et ses 250 emplois directs, c’est une question de survie!» insiste Paul Chantler, conscient que le problème ne concerne pas que son entreprise: «La quasi-totalité des 1900 microbrasseries françaises ont engagé des investissements qu’elles sont maintenant incapables de financer; et les entrepreneurs qui les ont créées ne peuvent souvent plus se rémunérer… »
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