
En ces temps de crise sanitaire et économique, et dans le cadre de la préparation d’un n° spécial de B.R.A. Tendances Restauration sur les conséquences du Covid-19, nous publions en ligne une série de témoignages d’experts, de dirigeants et d’acteurs du secteur… et cet échange exclusif. Propos recueillis par Anthony Thiriet
>> Aujourd’hui, échange exclusif avec… Alain Griset, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargé des PME.
● Le mois dernier, dans une interview exclusive accordée à B.R.A. Tendances Restauration, vous disiez avoir de l’espoir face à la situation sanitaire et économique. Qu’en est-il en ce mois de novembre?
Alain Griset : Avant toute chose, j’aimerais exprimer mon soutien et ma reconnaissance à l’égard de tous les professionnels des CHR qui subissent fortement les conséquences de la situation sanitaire. Ils ont fait preuve de résilience et de courage depuis le début de cette crise et d’un grand professionnalisme lors de leur réouverture en juin par la mise en place de protocoles sanitaires contraignants. La reprise de cet été a été meilleure que ce que nous avions prévu, ce qui confirme que la France a une économie solide. Avec les dispositifs adaptés et renforcés que nous avons mis en place en cette période de reprise d’épidémie, je suis confiant en l’avenir des entreprises de ce secteur. Elles bénéficient du renforcement du Fonds de solidarité pouvant aller jusqu’à 10000€ par mois, des exonérations de charges sociales, d’un crédit d’impôt de 50% pour les bailleurs qui annuleraient au moins 1 mois de leur loyer sur la période de confinement et de la prise en charge à 100% de l’activité partielle. Toutes ces mesures permettent à une grande partie des CHR de faire face à cette période et, quand la situation sanitaire le permettra, de reprendre leur activité. Nous travaillons aussi sur des difficultés propres au secteur comme l’accès au Fonds de solidarité pour les entreprises ayant plusieurs établissements. Ces sujets sont sur la table et nous y apporterons vite des réponses.
« Le traitement différencié des restaurateurs est lié au risque plus élevé de transmission du virus » Alain Griset
● Les restaurants et bars ont été exclus de l’assouplissement de décembre. Ils ne pourront pas accueillir les repas de fin d’année. Ils se sentent encore plus stigmatisés. Qu’avez-vous à leur dire?
A.G. : Le gouvernement n’a pas pour objectif de stigmatiser ces professionnels. Leur traitement différencié est lié au risque plus élevé de transmission du virus dans ces établissements, notamment parce qu’on y retire son masque pour consommer. Nous sommes pleinement mobilisés aux côtés des restaurateurs et cafetiers de France. Nous souhaitons bien entendu leur réouverture au plus vite ; mais celle-ci est conditionnée par la situation sanitaire. Avec Bruno Le Maire, nous travaillons d’arrache-pied, chaque jour, avec les représentants de tous les secteurs touchés, dont le GNI et l’UMIH, pour établir de nouveaux protocoles sanitaires renforcés dans la perspective de la réouverture.
● Des annonces ont été faites sur les loyers, mais rien n’oblige les bailleurs à faire un geste. Pour les locataires, c’est insuffisant. Que souhaitez-vous dire aux bailleurs et aux restaurateurs?
A.G. : Dans un premier temps, nous avions annoncé un crédit d’impôt équivalent à 30% du montant du loyer annulé par le bailleur. Nous avons entendu les critiques et nous sommes allés plus loin en proposant un crédit d’impôt de 50%. Que ce soit les représentants des bailleurs, des locataires ou des fédérations professionnelles, cette annonce a été saluée. Il faut maintenant le temps de mise en œuvre. Nous veillerons à ce que les bailleurs jouent le jeu de la solidarité. Les principales fédérations s’y sont engagées.
● Il a encore été annoncé qu’1 CHR sur 4 pourrait fermer. Avez-vous des chiffres à jour?
A.G. : Rappelons-nous que les pronostics présentés au printemps se sont avérés inexacts. À ce jour, je reste prudent et je ne peux présager du futur ; mais, aujourd’hui, il n’y a pas plus de fermetures que les années précédentes, que ce soit dans le secteur HCR ou dans un autre.
● Quid des clubs et discothèques? Le secteur de la Nuit pourra-t-il se redresser?
A.G. : N’ayant pas rouvert depuis mars, les discothèques font partie des entreprises les plus touchées par cette crise. Dès ma prise de fonction en juillet, c’est l’un des premiers secteurs que j’ai rencontré pour lui apporter des solutions. J’ai annoncé fin juillet un dispositif d’accompagnement spécifique: ces entreprises bénéficient d’une aide exceptionnelle au titre du Fonds de solidarité pouvant aller jusqu’à 15000€ par mois, en complément des exonérations de charges et de la prise en charge à 100% de l’activité partielle pour les aider à couvrir leurs charges fixes. Ce dispositif s‘applique jusqu’à fin 2020. Mais le travail ne s’arrête pas là: je continue mon soutien auprès de cette profession ! J’ai rencontré certains professionnels à Marseille et dans le Morbihan, et j’en reçois régulièrement pour construire un protocole sanitaire, et initier des pistes de reconversion pour ceux qui le souhaiteraient.
Interview offerte à toutes et tous, réalisée avant les annonces du 24 novembre, à retrouver dans B.R.A. n°414 « Spécial Covid » (déc. 2020). Pour vous abonner et recevoir ce magazine, RDV sur notre boutique en ligne (dès 17 € les 6 mois).
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