
Anthony Thiriet, rédacteur en chef de B.R.A. Tendances Restauration, a pu s’entretenir avec Alain Griset, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargé des Petites et Moyennes Entreprises. Découvrez cette interview exclusive pour B.R.A., réalisée le 19 octobre 2020, dans laquelle il adresse un message de soutien et d’espoir pour la restauration commerciale.
¤ Que souhaitez-vous dire aux restaurateurs aujourd’hui ?
Alain Griset : J’ai un profond respect pour ces femmes et hommes qui ont investi dans leur affaire, qu’ils considèrent comme leur bébé et dans laquelle ils passent énormément de temps ; qui sont réactifs et ont su s’adapter à l’évolution des besoins des consommateurs, notamment sur la quête de bons produits ; et qui n’hésitent pas à transmettre leurs savoirs, à former les jeunes. Ces personnes participent aux meilleurs moments de vie des Français et travaillent souvent quand les autres s’amusent. Avec Bruno Le Maire, nous leur apportons tout notre soutien en ces temps difficiles, et nous leur proposons – depuis le début de la crise – des accompagnements psychologiques et matériels, dont des aides financières.
¤ Quels rapports entretenez-vous avec les représentants du secteur ?
A.G. : Je les connais depuis longtemps et, il ne se passe pas 2 jours sans que j’échange avec eux. Nous essayons, jour après jour, semaine après semaine, de trouver des solutions adaptées. Une partie de leurs propositions a été reprise, d’autres sont encore à l’étude. Du côté des récentes évolutions positives, l’aide au titre du Fonds de Solidarité peut aller jusqu’à 10 000 € par mois avec des conditions d’accès facilitées pour les lieux fermés ou soumis au couvre-feu, le seuil de perte de CA pour en bénéficier étant de 50 % contre 70 % précédemment. En outre, le PGE est prolongé jusqu’en juin 2021, et l’activité partielle jusqu’en décembre.
« Nous essayons, jour après jour, de trouver des solutions adaptées » Alain Griset
¤ Sur quels autres points travaillez-vous au sujet de la restauration ?
A.G. : Il y a quelques thématiques difficiles, comme celle des loyers, qui est en cours d’étude. Il faut trouver des solutions adaptées à la fois aux restaurants et aux bailleurs, et à la situation particulière de chacun (certains se portant bien, d’autres étant en crise). C’est particulièrement difficile à Paris, où les niveaux de loyers sont très élevés, et dans d’autres grandes villes. Je ferai des propositions à Bruno Le Maire. Un autre sujet concerne l’accumulation des congés payés, un sujet étudié avec bienveillance par Élisabeth Borne. Les assureurs, c’est un 3e point sur lequel nous échangeons en ce moment. Certaines procédures judiciaires ont été lancées, notamment sur l’application des clauses de pertes d’exploitation, dans lesquelles nous n’avons pas à intervenir
¤ Comprenez-vous que le secteur de la restauration puisse se sentir stigmatisé ?
A.G. : Nous avons compris le ressenti d’une partie des restaurateurs, mais ce n’est pas le cas. Nous avons d’ailleurs beaucoup travaillé avec le ministère de la Santé pour que les restaurants restent ouverts avec l’application d’un protocole sanitaire strict. Notre priorité à tous, c’est de tout faire pour que le virus ne se propage plus, et d’éviter un reconfinement général. Partout dans le monde, les restaurants et les bars sont considérés comme des lieux plus propices à la contamination, principalement parce qu’on y porte moins le masque. Il n’y a pas un pays où ce secteur n’a pas été soumis à restriction. La situation est particulièrement difficile en France, où il y a une vraie culture autour de la restauration. Elle a un rôle particulier, de lien social. Elle fait partie des valeurs de notre pays, et de notre rayonnement à l’international. Je n’ai pas de doute sur le fait que les Français retrouveront le chemin des restaurants après la crise.
¤ Que proposez-vous à celles et ceux qui veulent faire évoluer leur affaire ?
A.G. : Il y a dans le plan de relance une grande partie dédiée à l’accompagnement de la transformation du secteur, notamment sur la digitalisation. L’un des autres sujets du moment, c’est la transformation des discothèques, qui n’ont aucune visibilité sur leur réouverture. Des aides exceptionnelles ont été mises en place, dont un Fonds de Solidarité de 15 000 € par mois de juillet à décembre. Nous accompagnerons aussi les dirigeants de clubs, restaurants et bars souhaitant changer d’activité.
¤ Plus globalement, quel est votre sentiment sur la situation ?
A.G. : J’ai de l’espoir… Notamment sur la création d’un vaccin, ou d’un médicament. J’espère vraiment que tout le monde pourra rapidement revivre normalement. Concernant la situation économique, il est intéressant de noter qu’il n’y a pas eu plus de défaillances d’entreprises au 19 octobre que l’année passée à la même date ; et il y a même eu plus de créations d’entreprises. C’est le signe que l’État français a soutenu les entreprises comme nulle part ailleurs dans le monde. Pour autant, je reste prudent, car des vagues de fermetures peuvent arriver.
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