
Les restaurants et bars ne peuvent plus accueillir de public. La VAE et la livraison sont toutefois autorisées. Dès l’annonce du 14 mars au soir, le Groupement National des Indépendants (GNI) était sur le qui-vive pour informer et défendre les professionnels concernés. Voici une synthèse exclusive de ses réactions et déclarations, notamment sur les premières mesures du gouvernement.
Le Premier Ministre l’a annoncé le samedi 14 mars vers 19h30 : tous les restaurants, bars et discothèques en France ont dû fermer leurs portes le samedi 14 mars à 23h59, jusqu’au 15 avril au plus tôt. Les professionnels sont sous le choc. Beaucoup ont commencé à s’organiser en prévoyant des livraisons de brunchs et de repas, même parmi ceux qui n’en avaient jamais fait. Ce qui est interdit, c’est de recevoir du public. La livraison ainsi que la vente au comptoir sont (pour le moment) autorisées : un moyen pour faire face à la situation ?
Dès samedi 14 mars vers 20h30, Marcel Benezet, président des cafés, bars, brasseries au GNI (Groupement National des Indépendants), faisait part de son choc sur CNews : « Nous sommes contraints et forcés de fermer. Mais c’est un coup de massue ! Je suis abasourdi ! » Il a indiqué que ses adhérents étaient extrêmement inquiets et a évoqué le phénomène de « villes mortes » que cela engendrera. « C’est très grave ! » a-t-il lancé, avant d’ajouter : « J’aurais préféré que nos établissements restent ouverts, avec des mesures de précaution sanitaire. Mais s’il faut fermer, nous fermerons, bien entendu. » Pour lui, il s’agit d’une « catastrophe nucléaire sur le secteur ».
Sur sa page Facebook, le GNI 16 a rapidement conseillé aux restaurateurs de « faire un inventaire rapide afin d’estimer les pertes, en prévision ». Le syndicat a précisé que les hôtels n’étaient pas inclus dans « les lieux non indispensables ». Le dimanche 15 mars au matin, de Didier Chenet, président du GNI, a publié et diffusé un long texte, dont voici un extrait :
« L’heure est très grave. Les cafés, bars, brasseries, restaurants et discothèques doivent être fermés depuis le 15 mars 2020 à minuit. Les bars et restaurants sont autorisés toutefois à poursuivre leur activité de VAE et de livraison. Les hôtels, qui ne sont pas des commerces et relèvent des services sont autorisés à poursuivre leur activité, les chambres qu’ils offrent devenant au demeurant des espaces privés dès leur location. Les bars et les restaurants des hôtels doivent fermer également. La restauration des clients des hôtels n’est autorisée qu’au seul et unique moyen du room service.
D’ores et déjà, je vous exhorte à respecter les directives du gouvernement. Je demande aux responsables de bars, discothèques et restaurants de fermer leurs établissements si cela n’est pas encore fait et de limiter leur activité à la seule vente à emporter et à la livraison. Je demande aux hôteliers de respecter et de faire respecter scrupuleusement les consignes sanitaires et les instructions qui leur sont donnés. Nous vivons des jours dramatiques et il est de la responsabilité de tous de contribuer à contenir la maladie et à sauver nos concitoyens. Nous devons être exemplaires.
Si nous reconnaissons que des mesures d’urgence ont d’ores et déjà été prises notamment en accordant à nos entreprises des délais pour le paiement de leurs charges sociales et fiscales ou en facilitant le recours au chômage partiel, ces mesures sont insuffisantes. Nous demandons que la parole du Président de la République, qui a déclaré que « tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et pour protéger nos entreprises quoi qu’il en coûte », soit respectée et mise en œuvre. Après la chute dramatique de l’activité de nos entreprises, leur fermeture désormais, la mort de nos établissements ne saurait être la suite de ce terrible drame, entraînant nos salariés et nos travailleurs non salariés (TNS) dans une situation désespérée. Il est urgent de constituer le Fonds National de Solidarité que j’appelle de mes vœux depuis le début de cette crise. Il ne faut plus perdre de temps pour combattre la maladie et sauver nos concitoyens, nos collaborateurs, nos chefs d’entreprises et l’économie française tout entière. Seul ce fonds permettra aux entreprises de s’acquitter de leurs charges et de les indemniser à la hauteur de leurs pertes. Seul ce fonds permettra de sauver nos entreprises, nos emplois, tous nos emplois. Les temps s’annoncent très durs, soyez tous vigilants pour votre santé, vous pouvez compter sur nous pour vous aider à vous sauver et préparer l’avenir. »
Lundi 16 mars, Marcel Bénezet a rappelé sur LCI que le GNI voulait « l’annulation des charges et la création d’un fonds national d’indemnisations« . « Les trésoreries sont atones, cela va être très difficile de tenir pendant un mois dans ces conditions« , a-t-il plaidé. Le même jour, le GNI participait à la réunion de la cellule de crise à Bercy en présence du Ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, et de la Ministre du Travail, Muriel Pénicaud. A son issue, le GNI a précisé les premières mesures adoptées par le gouvernement :
1/ Ne licenciez pas, demandez le chômage partiel, même si vous n’avez qu’un salarié. L’État rembourse les entreprises, le salarié reçoit 84 % de son salaire net, 100 % s’il gagne le SMIC.
2/ Toutes les entreprises, tous les indépendants, commerçants et artisans peuvent reporter sans formalité et sans pénalité le paiement des cotisations et des impôts.
3/ Les banques ont accepté de reporter de 6 mois le remboursement de crédits des entreprises, sans frais.
4/ Pour les entreprises qui ont besoin de trésorerie, Bpifrance se mobilise en garantissant notamment les prêts à hauteur de 90%. Déposez votre numéro sur http://bpifrance.fr ou appelez au 0 969 370 240.
5/ Nous finalisons aujourd’hui, avec les organisations et fédérations professionnelles, la création d’un Fonds de solidarité qui viendra en aide aux PME et aux indépendants. Nous ne laisserons tomber personne !
6/ Le coronavirus est reconnu par l’État et les collectivités locales comme un cas de force majeure pour leurs marchés publics. Pour tous les marchés publics d’État et des collectivités locales, les pénalités de retards ne seront pas appliquées.
Le 17 mars, le GNI a publié quelques recommandations pour les professionnels qu’il représente. Le syndicat professionnel a aussi partagé les mesures de soutien mises en place par la Sacem et la SPRE :
– Suspension de toute facturation (droits d’auteur et pénalités)
– Suspension des prélèvements automatisés sur comptes bancaires
– Suspension de toutes les démarches du réseau de la Sacem
Le 19 mars, le GNI a indiqué les modalités du Fonds National de Solidarité que le Gouvernement a accepté de lancer. Pour bénéficier de l’aide de 1 500 €, il faut faire sa déclaration sur le site de la DGFIP à partir du 31 mars 2020. Ce fonds ne concerne que les entreprises dont le CA est inférieur à 1 M€ :
– dont l’activité a été fermée par décision de l’État, comme les cafés, les bars, les restaurants, etc.
– ou qui auraient perdu plus de 70 % de CA. La perte de CA est appréciée en comparant les mois de mars 2019 et mars 2020.
Ce fonds de solidarité est prévu à 2 étages :
– un filet de sécurité pour tous de 1 500 € d’aide rapide, simple, automatique sur simple déclaration. Ces 1 500 € seront versés par la Direction Générale des Finances Publiques à réception de votre demande que vous êtes donc invité à réaliser à partir du 31 mars 2020.
– un dispositif anti-faillite pour les entreprises qui emploient au moins un salarié et qui seraient en très grande difficulté malgré le recours à tous les autres dispositifs.
Il a précisé que le soutien financier pourra être augmenté au cas par cas pour éviter toute faillite. Le Ministre a estimé le coût du fonds de solidarité à 1 milliard d’euros par mois.
Le 20 mars, le GNI a précisé à ses adhérents que les factures d’eau et d’énergie étaient suspendues pour les TPE frappées par la pandémie. Les fournisseurs d’eau, gaz et électricité seront contraints par la loi de suspendre les factures des très petites entreprises en difficulté qui en feront la demande. Ces TPE devront effectuer ces paiements quand la situation se sera améliorée, le gouvernement ne fixant pas de délai dans l’immédiat.
Le GNI a ensuite informé que le report des loyers sera automatique pour des milliers de TPE et PME.
Ajoutons que le GNI dénonce » l’indécence et le cynisme des assurances qui ne jouent pas le jeu ».
Tous les sujets étant appelés à évoluer au quotidien, et pour accompagner au mieux les restaurateurs et les hôteliers, le GNI publie régulièrement des notes d’information sur son site Internet. Dans la communication datée du 24 mars, il parle notamment du déblocage des facilités de trésorerie, du traitement des réservations hôtelières et du chômage partiel. Le GNI a également mis en ligne un DOSSIER SPECIAL COVID-19 à consulter pour tout comprendre et connaître les dernières actualités.
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